Problématique de l'emploi jeune au cameroun:
L'état des lieux et perspective.
« En effet, le chômage comme le sous-emploi donne naissance à une véritable calamité nationale qui a pour nom la pauvreté. La pauvreté entraîne un genre de vie que l'on appelle la subsistance et celle-ci, lorsqu'elle donne naissance à l'esprit qui porte son nom, l'esprit de subsistance, elle devient le stimulus pour un ensemble de comportements auto destructeurs dont les plus dangereux pour la survie de l'individu en quête de survie, sont la tendance à consommer ses semences et à s'accaparer de tout, y compris des biens communs, de peur de périr de manque ou de l'insuffisance qu'il crée lui-même inconsciemment. Détruire pour empêcher d'autres personnes de jouir d'un bien qu'il convoite et chercher à s'en accaparer, se substituer à une action initiée par autrui afin d'obtenir le bénéfice même hypothétique, faire obstacle à toute action non organisée autour des bénifices propres, entraîne ce que le Chef de l'Etat a appelé l'inertie. »
Introduction Les problèmes liés à l'emploi des jeunes continuent de s'étendre tant dans les pays industrialisés que dans les pays en développement, avec un nombre toujours plus élevé de jeunes femmes et de jeunes hommes exposés au chômage ou cantonnés dans des emplois précaires, temporaires ou de mauvaise qualité. Les jeunes issus de groupes sociaux défavorisés sont particulièrement touchés, perpétuant ainsi le cercle vicieux de la pauvreté et de l'exclusion sociale. Dans les pays en développement et singulièrement au Cameroun où le diplôme ne garantie pas automatiquement un emploi conséquent, le problème se pose davantage en termes de sous-emploi et de travail mal rémunéré ou médiocre dans le secteur informel.
Le Cameroun fait face à une forte croissance démographique depuis les indépendances et la population camerounaise est essentiellement jeune : environ deux tiers de la population camerounaise est âgé de moins de 25 ans. La moitié de ces jeunes participes au marché du travail, tandis que les autres sont soit inactifs, soit encore scolarisés. La population active jeune représente près de 20 % de la population active totale.
Résumé L'analyse du marché du travail des jeunes au Cameroun révèle des situations préoccupantes aussi bien pour ceux en activité que pour ceux en situation de chômage. En effet, l'environnement économique qui est redevenu favorable (en terme de croissance économique) ne produit pas encore les effets attendus sur le marché du travail. Les mécanismes de répercussion des fruits de la croissance sont bloqués par le système administratif et politique. La volonté politique de placer la problématique de l'emploi en général et de l'emploi des jeunes en particulier au coeur de la problématique de développement est encore faible. Les procédures administratives, l'environnement juridique, le cadre réglementaire ne sont pas favorables au développement de certains secteurs économiques potentiellement sources de création des emplois nouveaux.
Par ailleurs, l'insertion professionnelle, comme période d'entrée dans la vie active, comme processus de transition de la scolarité vers l'activité, s'est fortement allongée et complexifiée sous l'effet conjugué de plusieurs facteurs : diminution des emplois, fort recul des investissements, multiplication des formes de chômage de longue durée pour les primo demandeurs d'emploi, précarité de l'emploi dans le secteur informel en pleine expansion, inadéquation entre formation et emploi. La conjonction de ces facteurs génère des itinéraires qui s'éloignent du modèle traditionnel de l'accès direct ou rapide à un emploi stable.
Le chômage constitue le problème le plus préoccupant de l'emploi des jeunes. Alors qu'il est évalué à environ 8 % de la population active totale, il touche près de 15 % des jeunes actifs, avec des écarts prononcés selon le sexe et le milieu de résidence. Les jeunes constituent ainsi la couche de la population qui tire le chômage vers le haut. Les jeunes chômeurs représentent près de la moitié du total des chômeurs avec en milieu rural une proportion avoisinant les 60 % du total.
1. Les manifestations du problème
La problématique de l'emploi en milieu jeune au Cameroun se manifeste sous divers plans :
La croissance démographique La situation précaire du marché du travail camerounais est due à une combinaison complexe de plusieurs facteurs. Parmi les facteurs souvent évoqués ou étudiés, on retrouve les éléments liés à l'évolution démographique du pays. En effet, le marché du travail est lié à la structure par âge et sexe et à l'évolution de la population. La population active5, qui comprend la somme des personnes pourvues d'un emploi et les chômeurs, augmente à un rythme plus rapide que la population totale. La part de la population active dans la population totale est en effet passée de 34,3 % en 1987 à 37,3 % en 1996 et à 40,5 % en 2001 . Du fait de la croissance démographique, on assiste à l'arrivée d'un nombre plus élevé de nouveaux jeunes sur le marché de l'emploi où la pression se fait de plus en plus sentir avec environ 75 400 nouveaux candidats qui en moyenne s'ajoute chaque année. Face à une évolution si pressante de l'offre de travail, la demande ne peut que stagner.
L'émigration et l'exode rural Les jeunes (et surtout les hommes ) seraient les plus concernés par le phénomène d'émigration massive observé depuis les années 90, suite aux conditions de vie difficiles et aux contraintes subies sur le marché du travail. En effet, le départ des jeunes Camerounais vers l'occident (officiellement et davantage clandestinement), à la recherche d'emplois plus ou moins rémunérateurs pour des conditions de vie meilleures, à la recherche d'une formation plus adéquate ou pour les deux raisons est devenu chose courante (voir par exemple le nombre de jeunes demandeurs de visas auprès des ambassades et consulats étrangers). D'autre part, l'exode des jeunes (du milieu rural) vers le milieu urbain à la recherche d'emplois plus rémunérateurs dans des secteurs non agricoles à repris de l'ampleur entre 1996 et 2001, ceci à cause des espoirs générés par de nouveaux mécanismes économiques. Ceci justifie la grande proportion des jeunes vivant dans des conditions précaires en ville (« les jeunes de la rue »).
L'éducation et la formation L'accès au marché du travail camerounais est très difficile autant pour les personnes scolarisées ayant atteint des niveaux forts élevés que pour des personnes analphabètes et handicapées. Cette situation s'est complexifiée au fil des années dès l'aube de la période post coloniale du fait du dé faux d'anticipation dans les politiques publiques dans ce domaine. De fait, les systèmes d'enseignement et de formation n'ont pas toujours été envisagés sur la base d'une véritable perspective de développement.
Les jeunes sont plus prompts à quitter l'école, très souvent par la pression familiale due aux conditions de vie, pour s'insérer sur le marché du travail afin de soutenir la famille (soutien financier ; mariages et grossesses précosses, successions etc.).
L'éducation et la formation, du fait de leur inertie ont subi un coup très dur face à l'évolution du marché de l'emploi. En effet les nouveaux mécanismes économiques qui ont permis la reprise de la croissance demande de nouveaux profils que le système éducatif actuel ne produit pas. Les établissements de formation professionnels sont pour bon nombre, en délabrement avancé. L'inadaptation de la formation aux besoins actuels du marché de l'emploi et la faiblesse dans l'orientation académique concourent à grossir le nombre de jeunes au chômage.
Par ailleurs l'enseignement technique qui pourrait faciliter l'insertion des jeunes sur le marché du travail a connu une nette diminution. C'est ainsi qu'entre 1996 et 2001, la part des jeunes ayant un niveau d'instruction technique a diminué, passant de 9,5% à 7,8% pour le 1er cycle . Ceci pourrait se justifier par la détérioration de la qualité de cet enseignement ou par un changement d'aspirations des jeunes et de leurs familles. Aussi, l'accès à l'enseignement supérieur est resté très faible chez les jeunes (2,7%), car de nombreuses démissions sont enregistrées chaque année ; sans oublier que le système d'enseignement et les infrastructures sont largement inadaptés. .
35,3 % des jeunes camerounais vivent dans des ménages pauvres. La pauvreté contraint la majorité des jeunes dans cette situation à sortir du système scolaire pour se présenter sur le marché du travail. En effet, près de 60 % des jeunes pauvres sont hors du système scolaire.
En outre, la part du budget 2005 alloué au nouveau Ministère de l'emploi et de la formation professionnelle (MINEFOP) n'est que de 0.1%, notament en total franc CFA : 1.820.963.000 (BF : 1.695.863.000 FCFA et BIP : 125.000.000 FCFA) , ce qui présage des résulatats modestes.
La nuptialité Les contraintes subies par les jeunes sur le marché du travail ont évidemment un lien avec la pauvreté, mais également, l'interaction entre ces contraintes et le phénomène de nuptialité, constitue un problème qu'on ne saurait négliger. En effet, le désir de nuptialité qui est perçu comme un devoir naturel au sein des populations, peut être source de pressions particulières sur le marché du travail. Le mariage est généralement précédé par un bon positionnement de l'homme, et rarement de la femme, sur le marché du travail. Dans les conditions où de tels positionnements sont très difficiles (tant chez les hommes que chez les femmes), de nouveaux comportements nuptiaux sont apparus ou ont pris de l'ampleur parmi les jeunes : mariages informels (« vient et vivons » ou « vie maritale »), vagabondage sexuel, prostitution. Les mariages entre jeunes sont devenus rares (trouver un homme est très facile, mais trouver un mari est devenu une entreprise titanesque). En 2001 où on n'avait plus que 17,9 % de mariés parmi les jeunes, on a assisté à une baisse drastique de la propension au mariage. Mieux encore, les mariages entre personnes âgées et jeunes sont devenus très courants. La proportion des jeunes parmi les personnes mariées avait presque doublé entre 1987 et 1996, passant de 18,2 % à 34,6 %. Mais entre 1996 et 2001, les adultes se sont appropriés presque toutes les possibilités de mariage. La proportion des jeunes mariés parmi les personnes mariées a en effet chuté à 13,6 % en 2001. Les jeunes hommes ont été de loin plus touchés par ce phénomène que les jeunes femmes. Car de 34,7 % de jeunes hommes mariés parmi les hommes mariés en 1996, on est passé à 3,8 % en 2001, contre 34,5 % en 1996 et 21,7 % en 2001 chez les jeunes femmes.
Les ajustements structurels et leurs conséquences Suite à la chute des cours des matières premières, la profonde crise dans laquelle le Cameroun a plongé ces dernières années n'a donnée d'autres alternatives aux autorités que de faire SOS aux bailleurs de fonds internationaux et de se soumettre aux nombreuses mesures d'ajustement structurel (CAS, PAS, FAS, FASR, FRPC). Les PAS, qui avaient pour but de redresser la situation interne avant d'entrevoir une perspective de croissance, se sont accompagnés de mesures sévères qui ont profondément affecté l'emploi. On est ainsi passé d'une situation où l'Etat, le principal pourvoyeur d'emplois salariés et décents cédait sa place au secteur qui privé devait prendre le relais. Mais face à l'incapacité du privé formel à absorber le flux de main-d'œuvre qui arrive sur le marché, on a assisté au grossissement de la masse des jeunes chômeurs, au développement du privé informel, à la multiplication des emplois mal rémunérés, augmentant alors la précarisation et l'instabilité de l'emploi chez les jeunes diplômés ou non.
Le vaste programme de déflation de la fonction publique et le gel des recrutements s'est accompagné par la mise en place d'un programme de réinsertion à travers la création du Fonds National de l'Emploi (FNE) dans la dimension sociale de l'ajustement (DSA). Le FNE, qui avait au départ pour mission l'aide à l'insertion des déflatés de la fonction publique et du secteur privé formel, est progressivement devenu à partir du milieu des années 1990 le principal organe public de promotion de l'emploi. Par la suite, les missions du FNE se sont étendues à l'orientation, le conseil et l'insertion des jeunes chercheurs d'emploi à travers des formations formelles ou sur le tas, l'appui à la création de micro projets individuels et le partenariat avec le secteur privé. Malheureusement, les résultats obtenus à travers cette structure sont loin de satisfaire la demande d'emploi, et le déséquilibre va croissant sur le marché du travail.
La santé L'environnement de la santé est caractérisé au Cameroun par la pandémie du VIH/SIDA qui affecte essentiellement la population jeune, avec un taux de prévalence générale estimé à 5,5% en 2004. au sein de la Jeunesse, ce taux est respectivement de 1,4 % pour la tranche 15-19 ans, 5,5 % pour la tranche 20-24 ans, 7,8 % pour la tranche 25-29 ans et 8,9 % pour la tranche 30-34 ans. Les jeunes femmes dans la tranche d'âge 20-29 ans ont un taux de prévalence plus de deux fois plus élevé que celui des hommes. Cette situation d'infection par le VIH/Sida a indiscutablement un impact significatif sur la scolarisation des jeunes et par conséquent sur leur formation et leur emploi futur. En effet, la disparition subite ou précoce d'un parent laisse les jeunes sans défense et ceux-ci se trouvent alors livrés à eux-mêmes. Lorsque les relations parentales (la famille) ne peuvent pas les prendre en charge ou lorsque qu'aucune structure publique n'est apte à les récupérer afin de leur assurer une scolarisation effective, ils n'ont pour seule issue que le travail et parfois la délinquance. A cela s'ajoute la non prise en charge gratuite des personnes (en particulier des jeunes) vivant avec le VIH/SIDA qui constitue la principale source de fragilisation de la jeunesse, un frein à la croissance économique et une véritable bombe à retardement pour le pays. Par ailleurs, le VIH/SIDA a ravi la vedette au paludisme qui en fait, est la première cause de mortalité en Afrique sud-saharienne.
Le cadre institutionnel et politique La mise en oeuvre d'actions pertinentes en matière d'emploi et de formation se heurte à une difficulté majeure qui tient en l'absence de politique globale dans ce domaine. En milieu rural, depuis la fin des années 1980, marquée par la chute des cours des matières premières agricoles, aucune politique viable n'a été menée en faveur de l'emploi .
2. Les conséquences
Elles sont nombreuses et mêmes difficiles à énumérer. Nous citerons de manière non exhaustive :
o La généralisation du statut matrimonial informel, sans assurance et donc de courte durée qu'est la « vie maritale » ; o L'augmentation de la prostitution des jeunes filles (les élèves et étudiantes ne sont pas en reste et avec comme nouveauté, celle des jeunes garçons (en forte croissance)) o La prévalence du VIH/SIDA parmi les jeunes ; o L'exode rural causé par la monotonie de l'offre d'emploi (essentiellement agricole) en milieu rural ; o L'accroissement du vagabondage et de la délinquance des jeunes notamment en milieu urbain (voir nombre de jeunes incarcérés) o Le développement et la complexification du phénomène d'émigration des jeunes ; o Le gonflement du secteur informel qui représente alors 85 % du total des emplois au Cameroun et le foisonnement des petites activités commerciales par fois à risque (commerce carrefours et des feux de la route, commerce de médicaments pendant les voyages, les tourne-dos) ; o Le développement des activités non conventionnelles génératrices de revenus (fey mania, trafic de minerais, trafic d'organes, commerce des enfants, exploitation des mineurs…) ; o L'accentuation du chômage pour les jeunes hautement diplômés ;
3. Propositions de solutions
Trois grands axes apparaissent prioritairement dans le contexte du Cameroun. Ils visent à :
i. rendre les procédures administratives et l'environnement fiscal favorables à la création et à la promotion des emplois ; ii. améliorer le système d'information sur l'emploi et la formation pour en faire des outils efficaces d'aide à la décision ; iii. définir les éléments d'une politique efficace, dynamique et opérationnelle de l'emploi avec un programme réaliste de création d'emplois. iv. Impliquer les jeunes dans le processus d'élaboration, de gestion, de suivi et d'évaluation des programmes de création de l'emploi au Cameroun.
Voici quelques propositions pour la promotion de l'emploi jeune au Cameroun : Création d'emploi • Définir et mettre en œuvre une véritable politique d'industrialisation au Cameroun • Mise en place d'une politique nationale de l'emploi où la promotion de l'emploi jeune est centrale et identification de tous les axes possibles pour impulser le développement de l'emploi, la lutte contre le chômage et le sous emploi (secteurs des niches d'emploi, problèmes et contraintes, solutions pour leur développement) • La protection des emplois existants doit être une priorité • L'épuration de la fonction publique et l'assainissement des finances publiques. • Un système de sécurité sociale plus fiable et adapté aux réalités locales tant dans le secteur privé que public. • Favoriser le développement de certains secteurs économiques encore précaires et ou mal organisés comme l'informel (source de création d'emplois nouveaux) • Les syndicats des travailleurs doivent dénoncer les discriminations que connaissent les jeunes et leurs revendications doivent être portées au jour. • Des concessions doivent être faites entrent l'Etat et les employeurs pour l'accès des jeunes à l'emploi afin de leur permettre d'acquérir une expérience professionnelle. • Encourager toutes les initiatives de création de nouveaux emplois par : 1. la révision du code du travail (flexibilité dans la négociation pour employer et employeur) 2. La révision du code d'investissement (accorder des avantages aux entreprises pour les inciter à créer des emplois, des PME avec un coût inférieur ou égal à 5 millions. 3. Par la création zone franche industrielle (pour promouvoir les nouveaux investissements, faciliter le développement des exportations et créer de nouveaux emplois). 4. Faire participer les jeunes dans l'administration de L'ONEFORP Formation professionnelle • valoriser le secteur informel (développement des nouvelles formations aptes à améliorer la rentabilité) • Pour résoudre le problème de formation, emploi, il faut des formations qualifiantes (par la création d'une multitude d'écoles de formation professionnelles et ou techniques) pour des emplois salariés et indépendants. • Créer un cadre réglementaire et institutionnel qui favorise le développement et de la formation professionnelle et technique. • Pour résoudre les problèmes d'accès à l'éducation formelle, les centres pour les petits métiers doivent être crée avec la participation des artisans sur l'étendue du territoire national (transmission des connaissances pratiques permettant aux jeunes d'apprendre un métier). • Coopération sud-sud sur le plan professionnel pour transmettre les connaissances entre les jeunes de différents pays (foires internationales, voyages d'études et autres). • Résoudre le problème d'asymétrie de l'information entre les jeunes chercheurs d'emplois et le FNE ainsi que son extension dans les zones rurales. Faciliter l'investissement • Faciliter les investissements et les procédures administratives y afférentes • L'environnement juridique doit garantir le respect et la sécurité des investissements intérieurs et extérieurs • Mettre en œuvre un cadre réglementaire favorable aux affaires • assouplis des conditions fiscales appliquées aux jeunes entreprises pendant les trois premières années • Accélérer l'intégration économique dans la sous région CEMAC
Financement des micros projets des jeunes • La mise en place d'un organisme spécialisé dans le financement de l'auto emploi des jeunes, avec des conditions d'octroi de crédits souple pourrait réduire une bonne partie du chômage des jeunes ; • Cet organisme doit les accompagner dans toutes les démarches de création d'entreprises, dans la formation, la recherche des marchés et la gestion des micros entreprises.
4. Les parties concernées (adversaires et alliés actuels et potentiels)
Au Cameroun, plusieurs départements ministériels, institutions privées et ONG concourent à la promotion de l'emploi. Parmi les ministères issus du dernier gouvernement du 8 décembre 2004 et dont les fonctions et les missions ont des liens avec l'éducation, la formation et l'emploi, nous avons :
 Le ministère de l'emploi et de la formation professionnelle est chargé de l'élaboration et de la mise en oeuvre de la politique nationale en matière d'emploi, de formation et d'insertion professionnelle .  Le ministère du travail et de la prévoyance sociale est chargé de la préparation, de la mise en oeuvre et de l'évaluation de la politique et des programmes de l'Etat dans les domaines des relations professionnelles, du statut des travailleurs et de la prévoyance sociale. A ce titre, il est responsable du contrôle de l'application du code du travail et des conventions internationales ratifiées par le Cameroun ayant trait au travail ; de l'élaboration et de la mise en oeuvre de la politique de prévoyance sociale. Il assure également la tutelle de Caisse Nationale de Prévoyance Sociale.  Le ministère de l'éducation de base qui est chargé de la préparation, de la mise en oeuvre et de l'évaluation de la politique de l'Etat en matière d'éducation de base.  Le ministère des enseignements secondaires est chargé de l'élaboration, de la mise en oeuvre et de l'évaluation de la politique de l'Etat en matière d'enseignement secondaire général, technique et normal.  Le ministère de l'enseignement supérieur est chargé de l'élaboration et de la mise en oeuvre de la politique du gouvernement en matière d'enseignement supérieur, ainsi que de l'organisation, du fonctionnement et du contrôle pédagogique de l'enseignement supérieur. Il étudie et propose au gouvernement les voies et moyens visant à l'adaptation en permanence du système d'enseignement supérieur aux réalités économiques et sociales nationales, particulièrement en ce qui concerne l'adéquation de l'enseignement supérieur aux besoins de l'économie nationale.  Le ministère de la jeunesse est chargé de la présentation et de la mise en oeuvre de la politique de la nation dans le domaine de la jeunesse .  Le ministère de la promotion de la femme et de la famille est chargée de l'élaboration et de la mise en oeuvre des mesures relatives au respect des droits de la femme camerounaise dans la société, à la disparition de toute discrimination à l'égard de la femme et à l'accroissement des garanties d'égalité dans les domaines politique, économique, social et culturel ; il est également chargé de la mise en oeuvre de la politique nationale en matière de famille.
Ces départements ministériels, associés avec l'Assemblée Nationale et le Patronat (syndicat des patrons) peuvent à la fois être de bons alliés et des adversaires farouches dans notre processus de plaidoyer et lobbying.
Autres institutions du marché de l'emploi classées comme des alliés potentiels sûrs :
Le Fond national de l'Emploi (FNE) ; L'Observatoire National de l'Emploi et de la Formation Professionnelle (ONEFOP) ; La Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS) ; Organisation Internationale du Travail/Bureau International du Travail (OIT/BIT) ; Les coopérations techniques allemande (GTZ), néerlandaise (SNV), belge et française ; Les associations de jeunes et les Ongs (SeP, ACDIC, ACDC, SAILD, RELUFA…) ; Les associations culturelles et religieuses ; Et certains groupements d'entrepreneurs tels que l'association des femmes d'affaires.
5. Quelques risques et difficultés
Un certain nombre de risques et difficultés peuvent être envisagées, entre autres :
L'organisation actuelle de la Jeunesse en vue d'une action pertinente de plaidoyer est extrêmement fragile, sinon inexistante. Le SeP reste encore la locomotive de la jeune société civile naissante et devrait évoluer dans son positionnement au sein de la dynamique pour occuper la position d'organe de conseil et d'encadrement : les jeunes doivent s'organiser pour conduire leur action ;
Des intérêts divergents au sein des associations de jeunes impliqués dans le projet peuvent résulter en la désolidarisation du groupe. Il nous semble assez important de discuter sincèrement des intérêts des différentes associations et des personnes qui les représentent et d'évaluer le niveau d'engagement de chacune. Partir sur des bases sûres et partagées serait une garantie de durabilité de l'action ; Les capacités des jeunes sont encore insuffisantes en matière de plaidoyer (manque d'expérience dans ce domaine) et le renforcement de ces capacités par le SeP doit se poursuivre et s'adapter aux besoins de l'action ;
Les pouvoirs publics pourront éventuellement combattre l'action en usant des mesures d'intimidation et/ou de répression (des motifs politiques ou de maintien de l'ordre public ont très souvent été avancés pour justifier des actions parfois violentes de l'Etat). En particulier l'Etat a toujours considéré la Jeunesse comme une force dont la mobilisation est dangereuse « pour la paix » ;
Enfin, il va sans conteste que des ressources financières insuffisantes ne permettront pas une action efficace.
6. Les avantages du plaidoyer
Tout d'abord, nous proposons que notre action de plaidoyer ait pour but de : Créer un environnement politique et économique propice à l'essor de l'emploi, à la lutte contre le chômage, notamment celui des jeunes diplômés, à accroître la productivité et les revenus en milieu rural et dans le secteur informel.
Dans cette perspective, les avantages peuvent être nombreux quand l'action est bien ciblée et bien coordonnée (avec beaucoup de méthode et de stratège) :
 Mobilisation générale de la Jeunesse autour d'une même problématique (celle de l'emploi et par ricochet de la formation) ;  Constitution d'une instance permanente de consultation des jeunes ;  Prise en compte effectif du rôle moteur que peut jouer une Jeunesse motivée dans la lutte contre la pauvreté ;  Adoption d'une politique nationale de l'emploi et d'un programme de création d'emplois ;  Simplification des procédures administratives de création d'entreprises et amélioration de la fiscalité comme mesures incitatives à la création d'emploi ;  Réorientation stratégique des objectifs d'enseignement et de formation ;  Réduction du chômage en général et celui des jeunes en particulier ;
7. Les grandes lignes d'action
1. La collecte des informations sur la situation actuelle de l'emploi en milieu jeune ; 2. L'élaboration d'une stratégie d'action et d'un plan d'action (sur deux années au moins) comportant un plan de médiatisation et de diffusion, un plan de mobilisation, un plan de négociation avec les parties concernées, un plan de rencontres générales, un plan de sensibilisation, un plan d'équipement (logistique et didactique), un plan de formation (en collecte et analyse d'informations, en négociation, en suivi indépendant, en communication…), un plan de financement et d'évaluation ; 3. Formation d'un comité permanent et national de coordination des actions de plaidoyer uniquement composé des jeunes issus des associations impliquées dans le projet DSRP-Jeunesse. Ce comité soutiendra la coordinatrice du projet et veillera à la mise en œuvre du plan et de la stratégie adoptée ainsi qu'à la mobilisation générale des jeunes et à la pleine participation des associations de jeunes qui sont impliquées ; 4. Sur la base de la stratégie et du plan d'action, rechercher les financements nécessaires à la mise en œuvre et au suivi (auprès des jeunes eux-mêmes et auprès des bailleurs sensibles à la question).
8. Les coûts du plaidoyer en termes de ressources humaines, matérielles et financières (qu'est-ce qu'on a ? Qu'est-ce qu'il faut ? Où et comment le trouver ?)
Il nous semble à ce niveau que les ressources humaines sont plus que suffisantes au sein des associations de jeunes, même si des renforcements de capacités sont encore nécessaires en matière de méthodologie, d'organisation et d'analyse politique et critique.
Des ressources matérielles seront nécessaires et dépendent presque totalement des ressources financières qui restent à mobiliser et/ou à collecter. Nous pensons que beaucoup de ressources financières sont en effet mobilisables auprès des jeunes eux-mêmes, à condition d'être gagné à la cause poursuivie et convaincue de la pertinence, et du bien fondé des actions à mettre en oeuvre. La mobilisation de ces fonds dépend également de la stratégie générale de mobilisation de la Jeunesse. La Jeunesse (de 15 à 34ans) constitue 65% de la population camerounaise, soit plus de 10 millions de personnes. En imaginant par exemple que seul 2 millions de jeunes seulement soient gagné à notre cause et que chacun contribue à hauteur de 25 fcfa/an, on obtient un budget de 50 millions chaque année. Sans compter que la plupart des parents adhèrerons à cette cause et que certains entrepreneurs se joindront aussi à l'action. D'autre part, une telle mobilisation de la jeunesse ne saurait se réaliser sans constituer (indirectement) pour les politiques, un intérêt important. Bien entendu, cette mobilisation à un coup et pas le moindre.
Pour le moment ce que nous avons c'est notre volonté d'agir, notre enthousiasme et notre engagement qui tous restent à être éprouvés et réaffirmés au fil du processus.
Bibliographie :
1. Les contributions des différentes Associations des Jeunes du Cameroun par leur recherche de proximité sur le thème « emploi et formation professionnelle des jeunes au Cameroun » (réseau DSRP- Jeunesse), 2005 2. Caractéristiques et déterminants de l'emploi des jeunes au Cameroun (étude OIT), Gilles Bertrand Njike, Njikam, Roland Marc Lontchi Tchoffo et Violet Fotzeu Mwaffo, 2005 3. Document de stratégie de réduction de la pauvreté, République du Cameroun, 2003 4. Enquêtes camerounaises auprès des Ménages I et II (ECAM I et II), Direction de la Statistique et de la Comptabilité Nationale (DSCN), 1996, 2001 5. Exposé sur le Cameroun, par madame Françoise Soua-Ntyam 6. Analyse critique du document de stratégie de réduction de la pauvreté pour une meilleure intégration de la jeunesse (GTZ-SeP), Zingui Mossomo Xavier, 2004 7. Policy document, Youth Led Development, a framework for action, 2005 8. Contribution de FODER comme forte base de la recherche sur l'emploi et la formation professionnelle des jeunes au Cameroun, 2005 9. Document de travail Thème N°2 »Quelle stratégie de l'éducation pour l'emploi au Cameroun » des Etats généraux de l'emploi 2005 au Cameroun », Etat généraux de l'emploi 2005 au Cameroun 10. Cameroun Tribune, 31 Décembre 2004
Mise en ligne par :Martial ODEN BELLA
réseau DSRP Jeunesse
et Délegué du GIC BELLOMAR-SERVICES
groupebellomar@yahoo.fr,dsrp_jeunesse@yahoo.fr
http://www.dsrp-jeunesse.net
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